Interview de Marie-Luce Choisy-Lauer, généalogiste "associative"
A quand remonte votre passion pour la généalogie ?
Cela doit faire une trentaine d’années… après la naissance de ma fille.
Dans mon enfance je m’étais souvent posé des questions sur notre famille, nos origines car je suis née en Algérie période française, « Pied-Noire » par mes parents et grands-mères (Constantinois et Oranie), « métropolitaine » par mes grands-pères, soit au moins 15 départements activement représentés + Malte + la Belgique.
De plus une famille de militaires, qui bougent tout le temps, ce qui entraîne une méconnaissance des cousins-cousines, oncles-tantes. Dès que je posais une question (une maladie qui ne m’a jamais quittée) les réponses étaient hésitantes, voire contradictoires, et très vite je suis arrivée à des « légendes familiales », à toutes sortes de non-dits qui m’étaient difficilement supportables …
Mon mari étant Allemand (1/4 Sarre, ¾ entre Berlin et l’actuelle Pologne), voilà que notre fille se retrouvait avec des origines plus que diversifiées.
J’avais besoin de SAVOIR !
Faites-vous partie d’une association locale, ou bien vous adonnez-vous à votre passion de façon individuelle ?
Lorsque j’ai commencé, en Allemagne, c’était purement à titre individuel. Les difficultés rencontrées pour trouver des documents m’ont amenée à adhérer à Généalogie GAMT (Algérie Maroc Tunisie) dont le siège est à Aix-en-Provence. J’ai été simple adhérente pendant plusieurs années.
C’est à notre retour en France que j’ai intégré l’équipe des bénévoles : dépouillements, indexations, recherches en archives etc…
J’ai mis le doigt dans l’engrenage, on connaît les conséquences : on se retrouve à fouiller les registres, les journaux, les sites les plus variés, plus encore pour répondre aux demandes des membres de l’association que pour ses propres recherches !
Plus les 5-6 réunions par an de l’antenne locale de GAMT, qui demandent pas mal de préparation. il faut trouver des sujets d’exposés, les préparer (recherches théoriques et explicatives, application aux exemples des adhérents de l’Hérault.), aider les adhérents dans leurs recherches…
Notre association produit une revue trimestrielle, dirigée par une adhérente de Toulouse. Je fais partie du comité de lecture et de correction.
Ainsi que la participation au Conseil d’Administration : une association d’environ 800 membres, très divers géographiquement, qui a pour but de reconstituer l’état civil, l’histoire familiale des européens. Par exemple, pour l’Algérie il faut savoir que la France ne dispose que de photos ! et encore il manque environ 2/5 de cet état civil. Maroc et Tunisie sont encore plus mal lotis car il n’y a RIEN en ligne). Cela demande donc beaucoup de travail !
J’ai fait partie et co-animé pendant plusieurs années une association locale de généalogie dans ma commune près de Montpellier mais je n’en ai plus le temps…
Quels sont les sites de généalogie que vous utilisez ? Avez-vous également recours à un logiciel de généalogie ?
Donc GAMT, forcément ! Mais aussi Geneanet (Premium depuis le début). Et forcément j’ai sur mon PC des raccourcis, des marque-pages pour toutes les ANOM, AD, les Archives Municipales intéressant les Européens d’Afrique du Nord. Également pour Geneanum et les sites des pays étrangers dont peuvent être originaires les Pieds-Noirs.
Pour les logiciels, j’avais commencé par un logiciel allemand mais depuis très longtemps j’utilise Heredis : comme je le disais à Audrey Cavalier de Heredis dans l’émission que nous avons enregistrée avec elle en juin, je ne change pas ma version tous les ans mais je dois en être à ma 5° actualisation.
Quel est votre terrain de jeux préféré en généalogie ? Une époque, une thématique particulière ?
Bien entendu principalement autour de l’Afrique du Nord.
Mais ce que j’aime faire c’est CHERCHER ! Ainsi, les personnes qui disparaissent, dont on ne trouve plus de trace (j’en ai quelques spécimens intéressants dans mon arbre) : je suis prête à reconstituer toutes les fratries sur 3-4 générations pour trouver une piste, à fouiller tous les recensements, tous les journaux.
Dans le cadre de l’association, le sujet qui me talonne ce sont les « communes orphelines » c’est-à-dire celles pour lesquelles la France n’a aucun état civil !
J’ai passé environ 1 an ½ avec 2 autres généalogistes de GAMT à retourner chaque caillou pour établir la généalogie des familles présentes à Bordj-Bou-Arreridj vers 1900 (et il nous en manque !). Jusqu’à pouvoir constituer un livre avec environ 2 générations avant l’Algérie, et jusqu’aux dernières générations : compte tenu des données récentes il est en édition privée, accessible uniquement aux « Bordjiens », aux familles concernées et bien sûr à la bibliothèque de GAMT.
Avez-vous déjà songé à transformer cette passion en la faisant évoluer vers …un métier ?
Ah, je crois que généalogiste associative n’est pas un métier, plutôt un sacerdoce, non ?
Je suis a priori une non pro, c’est-à-dire ni généalogiste familiale ni généalogiste successorale et je n’ai pas suivi de formation telle que le DU : j’en avais envie, mais mon mari m’a demandé QUAND je pensais pouvoir le faire, compte tenu du nombre d’heures que je consacre déjà à la généalogie… pas faux !
Non, je suis une… généalogiste d’association (vice-présidente de GAMT, responsable de l’antenne Hérault)
Je co-anime une émission de généalogie sur Radio Maguelone, la station héraultaise de RCF : Ma famille | RCF Hérault
Family-search : https://www.familysearch.org/rootstech/session/a-la-recherche-de-vos-ancetres-en-algerie-maroc-tunisie
Vous pouvez me retrouver sur Twitter : https://twitter.com/MLCLauer