Découvrez l'interview de Nadège, généalogiste passionnée de photos anciennes
Plus de 2000 personnes suivent la page « Photos de dans le temps », des abonnés passionnés aident à retrouver les descendants des photos dénichées par Nadège sur des brocantes. Une vraie quête généalogique pour retrouver l’identité des personnes photographiées et les transmettre à leurs descendants.
A quand remonte votre passion pour la généalogie ?
Si je vous disais : « Depuis que je suis toute petite ! », me croiriez-vous ? Et pourtant, depuis que je suis en âge d’écouter, j’ai commencé à mémoriser tout ce que mes parents, grands-parents, anciens de mon village pouvaient raconter « entre eux » sur la famille ou nos proches.
Je retenais tout autant les histoires appartenant à nos ancêtres que celles circulant sur les habitants de ma commune, les fameux « qu’en-dira-t-on ». J’adorais fouiller dans les tiroirs de mes grands-parents ; lire en cachette les vieux courriers ou regarder les quelques rares photographies anciennes qu’ils possédaient. J’ai gardé en moi l’odeur de ces vieux papiers…
Je mémorisais d’autant plus avidement leurs paroles que notre généalogie familiale comportait pas mal de trous et de mystères. Mon père et ses sœurs, ma grand-mère et sa sœur ainsi que mon arrière-grand-mère maternelle, étaient des enfants de l’Assistance Publique. Le peu qu’ils savaient sur leurs origines était très précieux à mes yeux.
La généalogie comme on l’entend aujourd’hui, ce n’est que dans le début des années 2000 que j’ai commencé à m’y consacrer. Internet offrait un outil performant de recherches et de connaissances en la matière. Il faut croire cependant que ces premières recherches furent trop fortes en émotions, et que ce n’était pas encore le bon moment pour moi car très vite je fis une pause qui dura plus de 15 ans.
Il a fallu une opération médicale en 2020 – qui m’a obligée à rester chez moi pendant plus de deux mois sans bouger- pour reprendre les recherches sur ma famille. J’ai pu enfin reconstituer certaines de mes racines, avec bonheur mais aussi avec le regret d’avoir autant tardé, entretemps mon père et ma grand-mère nous avaient déjà quittés.
Faites-vous partie d’une association locale, ou bien vous adonnez-vous à votre passion de façon individuelle ?
Quels sont les sites de généalogie que vous utilisez ?
Non, pour le moment, je ne fais partie d’aucune association.
Je bénéficie « seulement » et c’est déjà beaucoup! de l’aide de quelques personnes abonnées à ma page Facebook et qui ont une grande expérience en la matière.
Je suis abonnée à Geneanet et Filae qui bien loin de se « superposer », se complètent dans ce qu’ils proposent et me permettent des recherches croisées.
Je suis abonnée également à RetroNews, mais hélas pour moi, je n’arrive pas à exploiter cet outil efficacement.
Pouvez-vous nous parler de votre projet « Photos de dans le temps » ?
Pour être sincère, je n’avais rien projeté à ce sujet. L’idée d’une page Facebook – outil qui a ses limites – s’est imposée, à la suite de quelques remarques de personnes trouvant que je « postais » trop de photos sur une page consacrée à ce sujet. Ce qui était certainement vrai, je le reconnais.
Sachant que les échanges virtuels peuvent parfois se compliquer, j’ai décidé alors d’ouvrir ma propre page où je pourrais publier à la fréquence qui me conviendrait, tout en restant dans un esprit d’entraide et de convivialité.
Un de mes plus grand bonheur serait de publier un jour, par un extraordinaire hasard, des photos d’ascendants d’un abonné de Photos de dans le temps.
***15/01/2024 Suite à un problème de piratage ? Nadège a perdu l’accès à l’administration de cette page. Elle a donc eu l’idée, afin de ne pas perdre tout le contenu généreusement publié, de créer un groupe du même nom. Vous pouvez rejoindre le groupe à cette adresse : https://www.facebook.com/groups/photosdedansletemps
Qu’est-ce qui a déclenché l’idée de cette quête généalogique ?
En parallèle, de mes propres recherches généalogiques, j’ai commencé à fréquenter – ce que je n’avais jamais fait jusque-là -, les brocantes et notamment celle des vieux papiers à Saint- Mandé dans le Val de Marne. Quelle ne fut pas ma stupéfaction de voir autant de vieilles photos ainsi offertes « en plein air » aux collectionneurs.
Un jour, un petit album en velours rouge du début du 20ème siècle a attiré mon attention : à l’intérieur des photos de famille avec au dos, le nom des personnes. Le brocanteur n’en demandant pas grand-chose, je suis repartie avec, en me disant que ce serait bien le diable si je ne retrouvais pas avec Internet, qui étaient ces personnes et qui étaient leurs descendants.
Ce que j’ignorais à l’époque, c’est qu’identifier des personnes décédées depuis longtemps, est bien plus aisé que de leur retrouver des descendants et encore plus que de pouvoir entrer en contact avec ces derniers. Il faut croire que les « morts » communiquent plus facilement que les vivants aujourd’hui
Avez-vous déjà songé à transformer cette passion en la faisant évoluer vers …un métier ?
En ce qui me concerne, il est trop tard pour entamer une carrière de généalogiste successoral, mais je peux dire que ce métier m’aurait plu.
Au sujet de cette passion, j’émets le souhait – au vu des milliers de photos possiblement identifiables qui sont encore en brocante – qu’elle inspire d’autres personnes, afin que nous soyons plus nombreux à participer à ce type de « sauvetage ». Évidemment cela a un coût, financier tout d’abord – mais on peut rester raisonnable dans ses dépenses – ainsi qu’en temps et énergie déployée.
Il faut savoir également que la personne la plus enthousiaste lorsqu’une recherche aboutit, sera le plus souvent vous-même. La réaction toute en modération et retenue de certains descendants, peut décevoir.
Cependant, il y a toujours un retour sur « investissement » : que ce soit dans la découverte de belles photos d’époque avec des histoires de vie touchantes ou terribles ou dans la jubilation éprouvée quand, après des heures d’errance sur le net, vous trouvez enfin le détail qui va débloquer votre recherche. Il y a la reconnaissance de descendants qui n’en reviennent pas de ce que vous avez trouvé et qui vous font partager des souvenirs d’enfance.
Et puis, il y a ces moments d’entraide sur le net où une personne qui ne vous connait même pas va vous aider à résoudre une énigme.
Mais je crois bien que le premier retour sur investissement consiste dans la satisfaction de contribuer à maintenir vivace une certaine mémoire collective. Celle constituée du quotidien d’hommes et de femmes « du passé » qui avaient comme nous des désirs, des aspirations mais aussi des soucis ou des craintes et qui essayaient d’en dire quelque chose ou de l’oublier, le temps d’une photo.